Une journée à Paris pour les élèves de DGEMC : « Le pouvoir : le pouvoir de la parole et les lieux de Pouvoirs »

Point de départ de la journée : la Pyramide inversée du Louvre

L’Institut de France et l’Académie française
Un peu d’histoire….
L’Institut de France offre un cadre de travail à 5 Académies, dont l’Académie française.

L’Institut de France, était à l’origine le Collège des Nations. Ce collège, voulu et financé en 1661 par le Cardinal Mazarin était destiné à l’instruction gratuite de jeunes gentilshommes originaires des quatre Nations annexées à la France.
Il se trouve Quai Conti, juste en face du Louvre, résidence royale, de l’autre côté la Seine.

En 1635, le cardinal de Richelieu fonde l’Académie française dont la mission est de veiller sur la langue française et de rédiger le dictionnaire.
Savez-vous pourquoi les membres de l’Académie française sont appelés les "immortels " ?
Par allusion à la devise de cette Académie : « A l’immortalité », en référence à la langue française : la langue qui ne meurt jamais, la langue qui est « immortelle ».

Progressivement d’autres Académies se créent regroupant des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des architectes des savants, des auteurs, des artistes parmi les meilleurs du pays mais aussi de hautes personnalités de la vie publiques.
Les Académies s’installent d’abord au Louvre. Puis, le Louvre, étant devenu un musée, Napoléon Ier décide en 1805 d’installer les Académies, dans le Palais des Quatre Nations devenu Institut de France.

La visite…
Notre visite commence par l’ancienne Chapelle du Collège des quatre Nations. Nous y découvrons la statue de Napoléon Ier et la Sépulture du Cardinal Mazarin.
Un dôme surplombe cette Chapelle. Il s’agit de la fameuse Coupole.

Les séances solennelles des Académies se déroulent sous ce dôme suivant un protocole précis. Les académiciens revêtent le fameux « habit vert » et entrent dans la Chapelle au son des tambours de la garde Républicaine.
Nous nous installons dans l’Hémicycle, sur les fauteuils « or » réservés au public. Les fauteuils verts étant réservés aux académiciens.

Nous visitons ensuite la Bibliothèque Mazarine, qui regroupe les 40 000 ouvrages de la Bibliothèque personnelle de Mazarin.
Cette bibliothèque est attenante à celle de l’Institut qui conserve plus de 1 millions de documents.

Nous découvrons ensuite les salles de travail de l’Académie française. Les académiciens siègent tous les jeudis. Le Secrétaire perpétuel, Hélène Carrère d’Encausse, dirige la révision du Dictionnaire.

« La Fabrique du dictionnaire par l’Académie française »
Nous participons à un atelier au cours duquel on nous explique la façon dont l’Académie françaises construit son Dictionnaire.
Dix lexicographes forment le Service du Dictionnaire qui est chargé de réviser les mots existants dans l’édition précédente du Dictionnaire de l’Académie.
Les lexicographes reprennent la définition de chaque mot de l’édition précédente et recherchent la définition de ce mot dans tous les dictionnaires français existants.
Ils proposent ensuite une nouvelle définition illustrée de nouveaux exemples.

Les lexicographes travaillent d’une façon qui nous semble plutôt archaïque : pour chaque mot ils notent le résultat de leurs recherches au stylo sur des feuilles petit format consignées dans un classeur petit format !
Chaque jeudi, un lexicographe présente le résultat du travail de la semaine aux Académiciens. Il s’agit presque d’un grand oral ! Les académiciens travaillent ensuite à partir de cette base. Le mot définitivement validé par les immortels est ensuite publié au Journal Officiel.

Les lexicographes sont aussi chargés de proposer l’introduction de nouveaux mots dans le Dictionnaire.
Ils partent des dictionnaires français existants et se posent la question de savoir s’il s’agit d’un mot « éphémère », « à la mode » ou s’il n’existe pas déjà un équivalent, plus juste dans le dictionnaire de l’Académie
Ainsi par exemple les Académiciens ont tranché : la locution « en distanciel » n’est pas entrée dans leur dictionnaire. Les académiciens lui ont préféré « enseignement à distance ».

Le dispositif d’enrichissement de la langue française
Article 2 de notre Constitution « La langue de la République est le français ».
La loi Toubon de 1996 porte sur l’emploi de la langue française. Chaque français dispose du droit de pouvoir utiliser sa langue dans les divers domaines de la vie quotidienne : l’enseignement, le travail, les échanges, les services publics,…

Dans le service du Dictionnaire, des lexicographes sont spécialisés en terminologie. Ils travaillent en collaboration avec les différents ministères afin de lutter contre les anglicismes.
Ainsi par exemple une lexicographe de l’Académie française travaille avec le ministère de la justice pour proposer des termes et définitions juridiques français en lieu et place de termes étrangers.
Les mots sont ensuite proposés aux immortels qui les valident ou non.
Ainsi on devrait dire « Affaire gelée » au lieu de « Cold case » ; « Piraterie routière » au lieu de « Carjacking » ; « Pornodivulgation » au lieu de « Revenge porn »
Le site France Terme est consacré aux termes parus au JO et dont l’usage est recommandé à tous.

Circuit pédestre pour découvrir des lieux de pouvoirs
Nous passons devant le Conseil d’Etat, un des piliers de l’Etat de droit. C’est la juridiction suprême de l’ordre administratif qui tranche en dernière recours les litiges entre les individus, entreprises, associations et l’Etat.
Il est aussi chargé de conseiller le pouvoir exécutif et législatif avant que des lois et règlements ne soient votés ou n’entrent en vigueur.

Nous passons ensuite devant le Conseil Constitutionnel, composée des 9 sages, chargés de vérifier la conformité des lois à la Constitution.
Il veille aussi à la régularité de l’élection présidentielle. Ainsi le 7 mars dernier, Laurent Fabius, le Président du Conseil a rendu publique la liste des candidas à l’élection présidentielle de 2022. C’est aussi lui qui proclamera le résultat des scrutins.

Nous passons enfin devant le Ministère la culture.

Ces 3 lieux de Pourvoir sont installés dans le Palais-Royal, voulu par Richelieu.

Repas / détente dans le jardins du Palais Royal

Visite du Ministère de la Justice
Nous avons une chance inouïe car en principe le ministère n’ouvre ses portes aux visiteurs que lors des journées du Patrimoine.
A 14h, nous sommes attendus à l’Hôtel de Bourvallais, 13 place Vendôme. C’est le siège du Ministère de la justice, ou Chancellerie, depuis plus de 3 siècles.
Il s’agit d’un Hôtel particulier qui appartenait à Poisson de Bourvallais un riche financier. Il est accusé en 1716 de fraude fiscale ! Ce n’est pas joli, joli pour un ministre de la justice !
Il est alors contraint de céder son bien à la royauté de France qui l’affecte à la résidence du Chancelier de France.

Le jardin du ministère
Nous commençons par visiter le jardin du ministère.

Les fenêtres du rez-de chaussée sont celles du bureau du ministre et du bureau de son chef de cabinet.
Des canards se promènent tranquillement sur la pelouse …mais uniquement lorsque le chien du ministre n’est pas dans les parages.
Des ruches ont également été installées au fond du jardin et des apiculteurs sont chargés de fabriquer le miel du ministère.

La salle des sceaux
Cette salle est la salle d’accueil des visiteurs du ministre. On y trouve la galerie des portraits des chanceliers, ministres des la Justice du XIVème siècle jusqu’à nos jours.

On peut aussi voir dans des vitrines les différents Sceaux de la République utilisés pour sceller les lois constitutionnelles.

Nous empruntons ensuite l’escalier d’honneur pour découvrir l’étage du Palais de Bourvallais

La galerie Peyronet
Le compte de Peyronet, ministre de la justice, a fait construire en 1827 une salle à salle à manger d’honneur richement décorée. Il a détourné de l’argent de l’Etat pour financer cette galerie. Il a donc été jugé et a du quitter ses fonctions.
Et bien, ce n’est pas pas joli, joli pour un ministre de la justice !

Une succession de salons
Nous traversons ensuite le salon des portraits, puis le salon Empire qui est aujourd’hui une salle de réunion et de réception notamment pour les repas officiels
Le salon des oiseaux, qui est aujourd’hui une salle des réunions et de conférences. Il présente une ornementation peuplée des symboles de la justice.

Nous quittons le Palais de Bourvallais et nous filons au Palais Bourbon.

Le Palais Bourbon et l’Assemblée nationale
Le Palais Bourbon fut construit à partir de 1722 par la duchesse de Bourbon, fille de Louis XIV et de Madame de Montespan.
Le palais Bourbon abrite aujourd’hui l’Assemblée nationale, lieu du pouvoir législatif.
C’est le lieu vivant de la démocratie puisque les textes de lois y sont débattus par les 577 députés élus au suffrage universel direct.

Un court film est d’abord projeté nous rappelant le rôle des députés et le processus législatif.
Nous visitions la Galerie des Fêtes qui permet de rejoindre l’Hôtel de Lassay, résidence du Président de l’Assemblée nationale.
En application du principe de la séparation des Pouvoirs, en en vertu d’une traduction républicaine, le président de la République, qui incarne le pouvoir exécutif, ne peut pas participer aux séances du l’Assemblée nationale et du Sénat.
Il pourrait toutefois se rendre à l’Hôtel de Lassay ou dans la Galerie des Fêtes, puisqu’ils ne font pas véritablement partie du Palais Bourbon.

Venant de l’Hôtel de Lassay, le Président de séance de l’Assemblée nationale traverse la Galerie des Fêtes, la Rotonde et la Salle des Pas-Perdus pour se rendre dans la salle des Séances.
Il est entouré d’une double haie d’honneur de Gardes Républicains qui l’accueillent au son des tambours. La présence de la Garde est symbolique mais elle reste importante, car l’armée est chargée de protéger la République.

La rotonde est un lieu de passage du Palais. En montant les escaliers, les journalistes accèdent à la tribune de la presse. L’ascenseur date de la fin du XIXe siècle et est toujours en fonctionnement.

La salle des Pas-Perdus est traversée par le Président de l’Assemblée nationale, toujours entouré de la Garde Républicaine, avant de présider une séance dans l’Hémicycle.

La salle des Quatre Colonnes est très connue. C’est ici que les jours de séance les journalistes interviewent les députés ou que certains députés cherchent à être interviewés !

Le jardin des Quatre-Colonnes
Sur la droite se dresse l’Hôtel de Lassay qui fut la résidence du marquis de Lassay, amant de la duchesse de Bourbon.

Dans le jardin on peut voir la statue de Montesquieu l’un des premiers à évoquer le principe de séparation des pouvoirs

Depuis le jardin on aperçoit aussi le ministère des affaires étrangères. Évidemment il y a un mur séparant le législatif de l’exécutif.

Nous traversons ensuite le salon Pujol. En, raison de sa situation par rapport à l’Hémicycle les députés siégeant à droite ont pour habitude de s’y retrouver.
Les députés siégeant à gauche, eux se retrouvent dans le salon Delacroix, appelé aussi « Salon du Roi » puisque pendant la Monarchie certaines sessions parlementaires s’ouvraient en présence du roi Louis-Philippe. Il siégeait ici sur un trône disposé dans une niche. Le trône est aujourd’hui remplacé par un buste de Marianne.

Nous entrons enfin dans l’Hémicycle où siègent les députés. Il se dégage une grande solennité.
La veille, le 23 mars, l’Assemblée nationale a accueilli le Président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, pour une intervention en direct par vidéo.

Savez-vous quel nom est donné au fauteuil du Président de l’Assemblée nationale ? Le perchoir
Il est appelé ainsi car il domine les autres et fait face à l’hémicycle », Mais le fauteuil n’est pas plus haut que les derniers rangs des députés pour montrer symboliquement que le Présidaient ne leur est pas supérieur.
Ce fauteuil est réputé très inconfortable et il est très lourd. C’est la raison pour laquelle 2 huissiers aident le Président à s’installer.
Mais ce fauteuil est un morceau d’Histoire. Le fauteuil et les bas-reliefs de la tribune datent de la première salle des séances du Palais Bourbon en 1798.

Dans l’Hémicycle chaque député a un siège selon son appartenance politique
Les deux premiers rangs des travées centrales sont réservés membres du Gouvernement et leurs collaborateurs.

Nous terminons notre visite avec la bibliothèque qui compte 700 000 volumes et de nombreux ouvrages rares.
On y trouve par exemple des textes signés par Victor Hugo, Clemenceau ou Jaurès,
La Bibliothèque conserve aussi la Marseillaise écrite de la main de Rouget de Lisle.

Nous avons passé une très belle journée : le soleil, des guides passionnés et passionnants et des trains à l’heure.
Les élèves de DGEMC