Skip to content

Le Centre d’Histoire Judicaire (CHJ) à la rencontre des lycéens

, par KINDBEITER Carole

Mélisciences a pour but de faire connaître au travers d’ateliers le travail des chercheurs du CNRS, et de créer des temps d’échanges entre les chercheurs et les élèves.

Madame Sandra GERARD-LOISEAU a animé au lycée un atelier de sciences sociales.

Mme GERARD-LOISEAU est ingénieure d’études en analyse des sources historiques et culturelles et responsable du pôle de médiation scientifique au Centre d’histoire judiciaire (CHJ)

Elle était accompagnée par Mme SCHWENCK, assistante communication, et par M. HICQUEBRANT, documentaliste au CNRS qui s’occupe notamment de la gestion des fonds anciens au CHJ.

 

Mais, qu’est-ce que le Centre d’Histoire Judiciaire (CHJ) ?

Le CHJ est une Unité Mixte de Recherche (UMR) composée notamment de chercheurs et enseignants-chercheurs, de doctorants. Les travaux du CHJ sont placés sous la tutelle du CNRS et de l’Université de Lille.

Le CHJ est un laboratoire de recherche spécialiste des questions d’histoire de la justice. Il accueille également les étudiants de Master 2 Recherche « Fondements historiques du droit et de la justice ».

Les thèmes de recherche développés par le CHJ sont :

- l’histoire de la justice : l’évolution de la justice, ses acteurs, leurs rôles

- l’étude de la norme, sa construction, son évolution

Les travaux sont menés

- dans une perspective historique : les travaux traitent d’une période qui va de l’Ancien Régime jusqu’à une période contemporaine

- dans une perspective internationale

 

 

L’atelier de médiation scientifique

animé par Mme GERARD-LOISEAU

L’atelier consiste à faire vivre aux élèves un procès qui s’est tenu en 1714 à Douai : « L’affaire Margueritte ». Cette affaire est extraite des archives du Parlement de Flandre.

Mme GERARD-LOISEAU nous présente les faits, nous explique de quelle manière, sous l’Ancien Régime, l’enquête s’était déroulée, quelles étaient les différentes phases du procès, quelles sanctions pouvaient être prononcées.

Mme GERARD-LOISEAU, très pédagogue, fait régulièrement le parallèle avec la façon dont l’enquête, la procédure pénale se déroule en 2014.

Les élèves ont ainsi pu prendre conscience de l’évolution des moyens d’enquête, des étapes de la procédure pénale et des peines applicables.

 

Les élèves ont endossé le rôle de juge sous l’Ancien Régime (certains ont même pu porter la robe de magistrat). A la fin de la séance-audience ils ont eu la lourde tâche de se prononcer sur le sort de Marguerite.

Mme Margueritte est-elle coupable ou non de l’empoisonnement de son mari ?

Et s’ils la déclarent coupable, quelle peine allaient-ils prononcer ?

 

Cinq groupes d’élèves ont pu profiter de cet atelier :

- 3 groupes d’élèves qui suivent l’option DGEMC (Droit et Grands Enjeux du Monde contemporain) avec Mme Kindbeiter-Paquet

- 1 groupe d’élèves inscrits aux cordées de la réussite avec Mme Denel et M. Capdevielle

- 1 groupée d’élèves « curieux » souhaitant peut-être suivre l’option DGEMC en Terminale

 

« L’affaire Margueritte », Douai, 1714

 Les faits

Guillaume Monier boit beaucoup, se dispute souvent avec Margueritte, sa femme, et il la bat régulièrement.

Guillaume a une vilaine plaie sur la joue et ses intestins sont colonisés par des vers. Il vomit souvent et lorsque Marguerite nettoie les régurgitations de son mari elle y retrouve des vers intestinaux. ("Et oui ! lorsque l’évacuation par le bas ne suffit pas, l’évacuation se fait par le haut !")

Un soir, pour le diner, Margueritte prépare de la soupe avec des fleurs. Elle prépare aussi du poisson qu’elle a acheté au marché. Guillaume mange de la soupe. Margueritte n’en veut pas. Le chien lape un peu de soupe.

Après le repas, Guillaume vomit puis se couche. Le chien vomit aussi un peu.

Le lendemain Guillaume est retrouvé mort dans son lit.

Les accusations se tournent très rapidement vers Margueritte qui dément.

 

L’enquête et le procès

Le rapport d’autopsie est laconique, à peine une quinzaine de lignes.

Le médecin qui pratique l’autopsie prélève l’estomac de Guillaume. Il constate que les membranes internes de l’estomac sont déchirées à plusieurs endroits et il relève de nombreuses croûtes noires et dures sur l’estomac et le colon.

Le médecin conclu que la mort de Guillaume était due à la consommation d’un produit ou d’un liquide corrosif qui a provoqué des lésions à l’estomac.

 

L’enquête débute par une perquisition au domicile de Guillaume et de Margueritte.

Quatre pièces à conviction sont présentées au juge : un flacon d’arsenic, une boite de raticide, des vers intestinaux trouvés dans le corps de Guillaume et l’estomac de Guillaume.

Margueritte reconnait avoir acheté de l’arsenic chez l’herboriste, mais affirme que l’arsenic et le raticide lui sont bien utiles pour lutter contre les rats qui grouillent dans la maison.

 

Le juge interroge les témoins. La voisine dit que Guillaume buvait beaucoup. Les disputes étaient fréquentes dans le couple. Margueritte se prenait souvent des roustes mais elle ne se laissait pas faire.

Le père de Guillaume est lui aussi interrogé. Il déteste sa belle-fille. Il lui reproche d’être une mauvaise cuisinière et de ne donner que de la bière à Guillaume. Selon lui, c’est de l’eau-de-vie qu’il lui fallait pour le « nettoyer » (Précision du XXIème : la consommation d’alcool, quel qu’il soit, est dangereuse pour la santé !)

 

Le juge interroge à nouveau Margueritte. Elle est assise face à lui sur un tout petit tabouret. Elle est « sur la sellette » mais elle n’avoue pas.

Le juge n’a pas de preuves suffisantes pour condamner Margueritte. Alors il cherche à obtenir ses aveux. L’aveu étant considéré comme la « reine des preuves ».

Mme GERARD-LOISEAU nous explique que le juge passe à la « question », c’est-à-dire à la torture.

Nous apprenons que la torture était, sous l’Ancien Régime, une étape de la procédure pénale. Mme GERARD-LOISEAU nous présente les différents moyens de torture utilisés : le gaufrier, le supplice de l’eau, les brodequins,… Marguerite n’avoue pas.

 

La décision

Les élèves, magistrats d’un jour, doivent à présent se prononcer sur le sort de l’accusée : Margueritte est-elle coupable d’avoir empoisonné son mari, Guillaume Monier ? Si oui, ils doivent prononcer une peine.

Sous l’Ancien Régime les peines étaient inflictives (= elles devaient être infligées) et infamantes (= elles devaient déshonorer)

Ex de peines : la fustigation (= battre à coups de fouet), la flétrissure (= marquer le condamné au fer rouge avec l’initiale de son infamie), le bannissement, le pilori, l’amende honorable, l’écartèlement (uniquement pour les crimes de lèse-majesté), la pendaison, la roue, l’exécution/décapitation, ....

 

Alors, selon vous, Mme Margueritte est-elle coupable ou non ?

 

 

Merci au CHJ de nous avoir permis de vivre cette belle aventure

Merci à Mme GERARD-LOISEAU d’avoir partagé son savoir. Merci pour ses talents de conteuse. Mme GERARD-LOISEAU est passionnée et passionnante.

Merci pour sa générosité. A la fin de la journée, elle a pris le temps d’échanger en toute simplicité et sincérité avec les élèves. Ils sont ravis.

Merci également à Mme SCHWENCK, pour le reportage photos

Merci à M. HICQUEBRANT qui a officié en tant qu’huissier audiencier lors du procès de Marguerite.

 


Découvrez cette belle journée en images...

Cliquez sur le lien ci-dessous, agrandissez la page et activez le son

https://www.canva.com/design/DAF8ZVUIWUc/-oIrBsIsHPDTA-15e-tfmA/edit?utm_content=DAF8ZVUIWUc&utm_campaign=designshare&utm_medium=link2&utm_source=sharebutton

 


 

Pour en savoir un peu plus...

Le Centre d’Histoire Judicaire : https://chj-cnrs.univ-lille.fr/

Le laboratoire du CHJ : https://chj-cnrs.univ-lille.fr/le-laboratoire

Master / Doctorat et le CHJ : https://chj-cnrs.univ-lille.fr/master-et-doctorat/

Sandra GERARD-LOISEAU :

https://www.cnrs.fr/fr/personne/sandra-gerard-loiseau

https://www.youtube.com/watch?v=5q5jcszqbdg&t=0s

La médaille de cristal 2023 ainsi que les Palmes académiques ont été décernées à Mme GERARD.

La médaille de cristal est un prix qui distingue des femmes et des hommes, personnels d’appui à la recherche, qui par leur créativité, leur maîtrise technique et leur sens de l’innovation, contribuent aux côtés des chercheurs et des chercheuses à l’avancée des savoirs et à l’excellence de la recherche française.

En 2021, à l’occasion du 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort, Mme GERARD a développé une mallette pédagogique : la Sellette. Dans ce jeu de plateau, les joueurs se retrouvent dans la position d’un juge appelé à statuer dans quatre affaires criminelles, de l’Ancien Régime à nos jours. Cet outil vise à sensibiliser le public sur l’évolution de la justice pénale, sur la question de la peine de mort, et sur les fondements de la peine.

 

Les « Echappées Inattendues » du CNRS : Devenez juge le temps d’une soirée !

Le mardi 28 novembre 2023, l’équipe de médiation scientifique du CHJ a proposé au public de découvrir le fonctionnement de la justice du XVIIIe siècle et de mieux appréhender l’évolution de notre système judiciaire depuis cette période.

Cette première « Echappée inattendue » s’est tenue au Musée de l’Hospice Comtesse de Lille. Le public était invité à prendre la place d’un juge au XVIIIe siècle et trancher le sort d’Agnès Pillet, accusée de la mort de son époux Henri Bugnicourt, savetier, et retrouvé sur une chaise à l’entrée de sa cave, rue de l’Arbre-à-Poires à Cambrai le 11 juin 1718.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=FLdBI-LtM5c&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fwww.hauts-de-france.cnrs.fr%2F&source_ve_path=Mjg2NjY&feature=emb_logo