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Diderot, Langres et la Russie

, par Philippe HENRY

Le 11 juin 1773, Diderot partait pour un long voyage en Russie. Le Musée Diderot à la Maison des Lumières de Langres en conserve la trace.

Grâce aux Rencontres philosophiques de Langres, qui ont lieu chaque année autour d’un thème (cette année ce sera la Politique), j’ai pu visiter ce musée magnifique - le seul qui soit consacré à Diderot.

Diderot - qui ne vivait jusque là que sur les bénéfices de la vente de l’Encyclopédie - a vu sa bibliothèque achetée par Catherine II de Russie, qui le nomme blibliothécaire et lui octoie une rente confortable (avec même une avance suite à un retard de paiement de cette rente), ce qui est une raison supplémentaire pour faire le voyage à St-Petersbourg. De plus, l’impératrice l’avait chargé d’acheter des tableaux pour elle, qui sont aujourd’hui conservés au Musée de l’Ermitage (dont la collection Crozat).

Catherine II s’enthousiasmait pour les philosophes, mais Diderot est le seul d’importance à avoir accepté l’invitation. Diderot est resté quatre mois en Russie, s’entretenant trois fois par semaine avec l’impératrice. Elle lui demandait conseil sur toutes sortes de sujets, dont l’art et la politique. Le projet de réformes de la souveraine, s’inspirant de Montesquieu, était consigné dans un livre, le Nakaz, tiré en partie de ses notes de lecture de l’Esprit des Lois.

Le choix de partir tôt avant l’été était judicieux, étant donné les rudes conditions du voyage (au retour, 4 des voitures empruntées par Diderot auraient été brisées). On peut penser aussi au voyage de Descartes au siècle précédent, en Suède, auprès de la reine Christine, où le philosophe fût à la fois moins prudent et chanceux (il arriva à Stockholm le 4 octobre 1649 et mourut le 11 février 1650, sans doute d’une affection pulmonaire).

Concernant les fruits de la collaboration entre Diderot et Catherine, ils ne sont pas aussi satisfaisants qu’attendus puisque le compte-rendu que Diderot rédigea au retour de voyage, sur le Nakaz et sur son expérience Russe, fut brûlé par la souveraine lorsqu’elle prit enfin possession de la bibliothèque et des papiers du philosophe ; un autre exemplaire manuscrit fut conservé. Le pragmatisme politique (pas plus qu’entre Platon et Denys de Syracuse dans la fameuse Lettre 7) ne s’accordait décidément pas avec l’idéal de sagesse des philosophes.

Que cela ne nous empêche pas de visiter Langres, en Haute-Marne, et sa Maison des Lumières ! Ni - pourquoi pas - de tenter la découverte de la culture et des paysages Russes ! Le mot de la fin pour tous nos candidats au Baccalauréat qui plancheront dès le 15 juin : bon courage à toutes et tous !

http://www.forum-diderot-langres.fr/rencontres-philosophiques.html