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VOYAGE MEMORIEL HIVER 2020

, par ALLIOUI YASMINE

Ce voyage , longuement mûri, est devenu une évidence quand des statistiques effrayantes nous révélaient, l’an passé, que près de près d’un quart des jeunes Français semble n’avoir jamais entendu parler de la Shoah. En parallèle, d’autres prétendent en avoir trop entendu parler à l’école, notamment en histoire, mais aussi dans le cours de philosophie. Quelle conclusion tirer ? L’enseignement seul est nécessaire mais il ne suffit pas. La lecture ? Nos élèves ne lisent plus beaucoup pour ne pas dire plus du tout . Reste alors la rencontre avec les témoins de l’ histoire juive, mais aussi de l’histoire française puisque ce sont 75000 juifs, dont 11000 enfants, qui furent déportés depuis la France. Ce fut chose faite le lundi 27 janvier avec une visio-conférence depuis Paris qui a permis à des centaines de lycéens, dont plus de 120 lycéens de Pierre de la Ramée, d’écouter les témoignages des derniers rescapés : Elie Buzin, Ginette Kolinka, Esther Sénot, Raphaël Esrail... Après les récits de leurs propres histoires, ils confièrent à nos jeunes une lourde responsabilité, celle de devenir les témoins des témoins.
C’est avec cette idée logée quelque part dans notre conscience que nous nous sommes retrouvés le samedi 8 février pour entamer ce qui allait devenir un long périple. 3600 kilomètres au comptant ! Les kinés auront toujours du travail...
C’est très tôt le dimanche matin que nous avons découvert Prague, magnifique capitale de Bohême. Le petit déjeuner a été servi dans une brasserie Art Déco qui nous a vite réconcilié avec le long trajet en bus. Puis se fût la découverte des plus beaux sites pragois : la Vieille Ville, Mala Strana et le Pont Charles. Après le repas, une bizarrerie culinaire pour certains d’entre nous : soupe à l’ail, chou mariné et sorte de quenelle accompagnés de viande de porc (la première d’une longue série), nous avons visité le ghetto, la synagogue et le cimetière juif attenant. En fin d’après-midi, nous avons profité du coucher du soleil à l’occasion d’une croisière sur la Vltana. A l’issue de cela, l’hôtel chaleureux nous attendait, un repas copieux, soupe, salade, pommes de terre et poulet pané et une belle nuit réparatrice pour tous !
8 heures, déjà l’heure de prendre la route pour la Pologne et la belle Cracovie.
Dans l’après-midi, nous avons retrouvé notre guide Ana qui nous a fait découvrir le château, la légende du Dragon, la cathédrale, la Halle aux draps... le tout sous des trombes d’eau et un vent particulièrement glacial. Toutefois, même si les conditions climatiques n’étaient pas de notre côté, nous comprenions que Cracovie est une magnifique ville qui mérite d’être vue. Le soir, à l’hôtel, c’est du poulet pané qui a accompagné les traditionnelles soupe- salade et les inévitables pommes de terre... Gros gâteau !
Un copieux petit-déjeuner englouti et en route pour ce qui s’impose comme le point d’orgue de notre voyage : Auschwitz- Birkenau.
Quelques cars de touristes, une organisation peu ou trop huilée, des guides pas tous à la hauteur, mais même si Ginette Kolinka nous avait averti et conseillé de fermer les yeux, car " Auschwitz aujourd’hui est un décor", l’émotion est là... Notre guide très professionnellle au début de notre rencontre a peu à peu mis de l’humanité dans son discours , nous a invité à deux reprises au recueillement et a même demandé à l’une de nos élèves de lire un texte écrit par un déporté hongrois face aux ruines de l’une des chambres à gaz. Nous comprenions alors je crois mieux notre responsabilité de "passeurs de mémoire".
Il fallait poursuivre la journée sur une tonalité plus légère. Nous avions décidé de visiter les mines de sel de Wieliczka. Cette visite s’est avérée passionnante, drôle également, notre guide étant prêt à toutes sortes de plaisanteries. Certains ont léché les murs, si si je vous l’assure... et tous se sont ébahis devant la fameuse chapelle creusée dans le sel. Retour à l’hôtel, soupe, salade, pommes de terre, et viande de porc panée... Gros gâteau !
Le lendemain, le groupe s’est scindé en deux. L’un est parti vers le ghetto et la synagogue Remuh, la plus ancienne de Cracovie, l’Université Jagellonne puis après le repas ce fut la visite de l’Usine Schindler et l’exposition consacrée à Cracovie durant l’Occupation allemande. L’autre a visité la pharmacie de l’Aigle célèbre pour avoir servi de refuge aux juifs durant la guerre, le pharmacien ayant au péril de sa vie soigné des personnes et cherché des moyens pour leur sauver la vie. Puis la visite s’est poursuivie de la même façon que pour le premier groupe, usine Schindler mise à part. Le midi, à la place du panier pique-nique, nous nous sommes tous retrouvés au restaurant pour, vous l’avez deviné, un repas composé de pommes de terre et d’une viande de porc !
C’est tôt le matin que nous avons repris la route pour Varsovie. Vers 13 heures nous retrouvions notre guide qui nous a conduit au travers des ghettos et du Chemin du souvenir. Puis nous avons fait un tour de la ville depuis le bus. Une fois installés à l’hôtel, nous sommes ressortis manger une soupe et des ... pâtes dans un endroit plutôt cool. Cela nous a donné l’envie de poursuivre un peu la balade dans le quartier de Praga, aujourd’hui branché, hier coupe-gorge. Un peu de shopping et au lit.
Le lendemain, après un petit tour en métro, nous avons passé du bon temps au Musée Copernic, musée dédié à la science et à l’interactivité. Puis nous avons visité la ville historique, ou du moins ce qui a été reconstruit, car Varsovie a été détruite à plus de 80 % durant la Seconde Guerre Mondiale. Cette ville-martyre s’est bien relevée, notamment depuis la chute du communisme et l’ entrée , aujourd’hui discutée de la Pologne dans la CE.
Il est 15 heures et nous prenons la route pour le retour. Vers 19 heures, nous nous arrêtons dans une petite auberge de carte postale, où nous attendent une soupe, des salades, des pommes de terre et de la viande de poulet panée. Pas de gros gâteau, mais beaucoup de glaces ! Nous repartons avec un doggy-bag...
Et nous roulons, nous roulons, pour arriver à l’aube à Dortmund pour un petit-déjeuner très typiquement allemand... Là nous disons au revoir à nos chauffeurs, Franck et Fred aussi consciencieux que serviables et sympathiques. Un grand merci à eux car un voyage de cette ampleur ne pouvait se passer bien que si les chauffeurs étaient à la hauteur. Rudolph prend le relai et nous roulons, nous roulons, vers la Belgique. Et nous roulons, nous roulons vers Saint-Quentin où nous arrivons vers 14 heures.
Que la mémoire fasse maintenant son travail...